EHPAD : Qui décide du placement en maison de retraite pour personnes âgées ?

Aucune admission en EHPAD ne peut avoir lieu sans le consentement de la personne âgée, sauf en cas d’incapacité reconnue médicalement. Pourtant, des désaccords surviennent fréquemment entre proches, médecins et autorités administratives lorsque l’autonomie ou la sécurité sont en jeu. La loi encadre strictement la procédure, mais laisse une marge d’appréciation aux professionnels de santé et aux familles dans l’évaluation de la nécessité du placement.

Le choix du lieu de vie engage des responsabilités multiples :

  • avis médical,
  • mesure de protection juridique,
  • volonté de la personne,
  • rôle des aidants.

Les décisions se prennent souvent dans l’urgence, sur fond d’urgence médicale ou sociale, rendant le processus complexe et parfois conflictuel.

Comprendre les situations qui amènent à envisager un placement en EHPAD

Quand le maintien à domicile devient précaire, la question du placement en EHPAD n’est jamais abstraite. Elle surgit avec l’évidence d’une chute de trop, d’un oubli dangereux, d’un quotidien qui s’effrite. Les signaux d’alerte s’accumulent : perte d’autonomie, isolement, difficultés à réaliser les gestes les plus simples. L’entourage, souvent démuni, constate que l’appartement familial ne suffit plus à garantir la sécurité et la dignité de la personne âgée.

La détérioration de la santé joue un rôle décisif : aggravation d’une pathologie, dépendance accrue, déclin cognitif ou besoin d’une surveillance continue. Face à ces enjeux, les aidants s’épuisent parfois, tiraillés entre la volonté de bien faire et la peur de l’accident. Le quotidien bascule vite d’une vigilance discrète à une urgence permanente.

Voici les situations les plus fréquentes qui motivent un placement en EHPAD :

  • Perte d’autonomie physique : difficultés à se déplacer, à s’alimenter, à s’habiller sans aide.
  • Dépendance psychique : troubles de la mémoire, désorientation, altération du discernement.
  • Isolement social : sentiment d’abandon, repli sur soi, peu voire plus de visites.
  • Risques médicaux : maladies chroniques, chutes répétées, polypathologies.

Le placement en maison de retraite apparaît lorsque ces facteurs s’additionnent, rendant la vie à domicile incertaine, voire dangereuse. Les professionnels, médecins, assistants sociaux, évaluent alors la situation en lien avec la famille. Les histoires diffèrent : certains veulent anticiper, d’autres reculent l’échéance, certains sont confrontés à l’urgence. Chaque cas réclame une analyse attentive, loin des réponses toutes faites.

Qui a le dernier mot ? Les acteurs impliqués dans la décision de placement

La décision de placement en maison de retraite ne repose jamais sur un seul avis. Elle se construit à plusieurs, dans un équilibre souvent fragile entre les droits et libertés de la personne âgée et les inquiétudes des proches. Le point de départ reste la volonté de la personne âgée : son souhait doit être respecté, que ce soit exprimé directement ou relayé par une personne de confiance désignée.

Mais la pratique ne se plie pas toujours à la théorie. Quand l’autonomie s’effrite, quand la communication devient difficile, le débat s’installe entre membres de la famille. Certains défendent le maintien à domicile, d’autres s’inquiètent des dangers. Dans ces situations, l’avis du médecin traitant ou d’un professionnel médico-social peut faire la différence pour clarifier la situation et envisager un placement en ehpad.

En cas de désaccord persistant ou de protection juridique (tutelle, curatelle), le juge des tutelles ou, depuis 2020, le juge des contentieux de la protection devient l’arbitre ultime. Son intervention vise à garantir le respect des droits et libertés des personnes vulnérables, à valider la décision d’admission en ehpad si la situation l’impose. Chacun, parent, aidant, résident, équipe médicale, peut alors faire entendre sa voix. L’enjeu : s’assurer que la maison de retraite corresponde aux besoins réels et aux attentes de la personne concernée.

Procédures, droits et obligations : ce que dit la loi sur l’entrée en maison de retraite

Admission en EHPAD : le parcours réglementé

Avant d’entrer en maison de retraite ou en ehpad, une évaluation précise de la perte d’autonomie est incontournable. La demande d’admission peut être lancée par le médecin traitant, un service social ou la famille. Le dossier, volet médical et administratif, est transmis à l’établissement choisi, qui évalue le degré de dépendance (grille AGGIR) et adapte l’accompagnement proposé.

Droits de la personne âgée : consentement et protection

La volonté de la personne âgée reste la référence, même pour un placement en maison de retraite de personnes dépendantes. Si elle ne peut plus s’exprimer, la loi prévoit l’avis de la personne de confiance ou du tuteur. La protection juridique (curatelle, tutelle) encadre alors toute décision. À chaque étape, le respect des droits et libertés constitue la règle.

Pour garantir ces droits, plusieurs démarches sont systématiques :

  • Signature d’un contrat de séjour : il détaille l’accompagnement, les prestations, les tarifs, les modalités de départ.
  • Respect d’un droit de visite et maintien des liens familiaux.
  • Accès à l’information : la personne âgée doit pouvoir consulter le règlement intérieur et connaître les conditions d’accueil.

Obligations et solidarités financières

Le coût d’un EHPAD reste souvent élevé. Des aides, telles que l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), l’APL ou d’autres aides financières publiques, participent à alléger la note. La loi prévoit également une obligation alimentaire : enfants et petits-enfants, appelés obligés alimentaires, peuvent devoir contribuer au paiement de l’hébergement pour personnes âgées. La solidarité familiale n’est donc pas qu’une valeur : elle s’inscrit dans le droit.

Famille d seniors se promenant dans le jardin

Alternatives à l’EHPAD et points de vigilance pour accompagner au mieux un proche

Pour beaucoup de familles, préserver l’autonomie d’un proche chez lui reste une priorité. Le maintien à domicile implique de coordonner plusieurs ressources :

  • services d’aide à domicile,
  • soins infirmiers,
  • portage de repas,
  • téléassistance.

Pour que ce choix tienne dans la durée, il faut un logement adapté, une surveillance régulière de l’état de santé, et la capacité à ajuster l’accompagnement si la situation évolue. L’isolement, la fatigue des aidants ou une aggravation de la dépendance peuvent rendre nécessaire une nouvelle réflexion.

Si la vie à domicile ne suffit plus, d’autres solutions existent. Les résidences seniors proposent un cadre sécurisé et convivial, sans dimension médicale. L’hébergement temporaire en maison de retraite ou l’accueil familial chez un particulier agréé permettent de souffler après une hospitalisation, ou d’attendre une place en établissement. On voit aussi émerger l’habitat partagé : une alternative entre colocation et structure collective, qui favorise l’entraide et la vie sociale.

Pour chaque option envisagée, il est prudent de :

  • mesurer la charge pour l’aidant familial,
  • anticiper les besoins à venir,
  • évaluer les ressources et aides financières disponibles (APA, aides locales),
  • penser à l’accompagnement psychologique, autant pour la personne âgée que pour ses proches.

La concertation entre membres de la famille, et le respect du souhait de la personne concernée, restent le fil rouge de toute décision. Les choix sont rarement simples, mais un dialogue ouvert et un accompagnement adapté permettent de traverser cette étape avec plus de sérénité. La question n’est pas seulement de trouver une place : c’est d’offrir un lieu de vie digne, choisi, à la hauteur du parcours de chacun.

ne pas manquer