L’aide sociale à l’hébergement, versée par le département, ne disparaît pas toujours avec le décès du bénéficiaire. La loi autorise la récupération de certains montants avancés auprès des héritiers ou sur la succession, même en l’absence de biens mobiliers ou immobiliers significatifs. Dans certains cas, la récupération s’effectue malgré le faible montant de l’héritage, suscitant des situations inattendues pour les proches.
Les règles applicables varient selon la nature de l’aide versée, la situation patrimoniale du défunt et la relation entre le défunt et ses héritiers. Des dispositifs dérogatoires existent, mais leur accès reste encadré par des critères précis.
Pourquoi certaines aides sociales doivent être remboursées après un décès
La récupération sur succession déroute souvent les familles. Voir la collectivité réclamer le remboursement de prestations versées à un proche, parfois des années après, bouscule bien des idées reçues. Derrière cette démarche, une logique de solidarité : les fonds sont avancés pour soutenir un bénéficiaire, mais la collectivité se réserve le droit de se rembourser, si la succession le permet.
Ce principe concerne particulièrement l’allocation solidarité ASPA et l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Versées par le conseil départemental, ces aides permettent d’assumer les frais d’hébergement en structure ou de compléter les ressources jugées insuffisantes. À la disparition de l’allocataire, la succession est scrutée : si l’actif net dépasse 39 000 euros pour l’ASPA, la récupération s’applique, dans la limite des sommes avancées, sans jamais dépasser la valeur du patrimoine transmis.
Bien souvent, les proches découvrent ces règles en discutant avec le notaire. Ce dernier détaille alors le montant total reçu et notifie aux héritiers la somme à rembourser. L’objectif affiché : éviter un transfert indirect des aides publiques vers un patrimoine privé. Un point à retenir : la récupération succession se limite toujours aux biens du défunt, sans jamais toucher les avoirs personnels des héritiers.
Voici les principales situations à connaître :
- Allocation solidarité ASPA : récupération si l’actif net successoral dépasse 39 000 euros.
- Aide sociale à l’hébergement (ASH) : récupération possible sur la succession, sans seuil unique, selon la situation du défunt.
La loi cherche ici à maintenir la solidarité envers les plus fragiles, tout en veillant à une gestion responsable des fonds publics.
Panorama des aides récupérables sur succession : lesquelles sont concernées ?
Plusieurs aides sociales attribuées aux personnes âgées, en situation de handicap ou en difficulté financière peuvent faire l’objet d’une récupération sur succession. Le principe : si un patrimoine subsiste, une part des sommes versées peut être réclamée. Voici les principales aides concernées par cette procédure :
- Allocation solidarité ASPA : ce minimum vieillesse, destiné à garantir un revenu plancher aux retraités modestes, est récupérable sur succession dès lors que l’actif net excède 39 000 euros. Le montant récupérable ne dépasse jamais l’aide octroyée.
- Aide sociale à l’hébergement (ASH) : permet de financer les frais d’hébergement en établissement pour personnes âgées dépendantes. Le conseil départemental peut activer la récupération succession sans seuil prédéfini.
- Prestation de compensation du handicap (PCH) : récupérable sur succession uniquement dans certains cas, notamment pour les sommes versées à des adultes de moins de 60 ans, selon des critères précis.
- Allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) : cette aide, soumise à conditions de ressources, est récupérée sur la succession au-dessus d’un actif net de 39 000 euros.
À noter : la Allocation personnalisée d’autonomie (APA) fait figure d’exception. Aucun remboursement n’est exigé, même après le décès du bénéficiaire APA. Dès sa création, le législateur a voulu éviter que cette aide ne pèse sur les familles, afin de soutenir l’autonomie des personnes âgées sans arrière-pensée successorale.
Avant toute démarche relative à une succession, consultez le dossier d’admission : chaque aide comporte des règles spécifiques quant à la récupération.
Héritiers face au remboursement : obligations, démarches et délais à connaître
Au décès d’un proche, les héritiers deviennent les interlocuteurs des organismes qui ont attribué des aides sociales remboursables. Le conseil départemental, qui gère la plupart de ces prestations, notifie le montant à rembourser au titre de la récupération sur succession. Cette étape intervient après l’ouverture de la succession, généralement par l’intermédiaire du notaire.
Un délai légal, souvent de six mois à compter du règlement successoral, est accordé aux héritiers pour s’acquitter de la somme due. En cas de retard, des intérêts peuvent être appliqués. Mieux vaut donc vérifier chaque échéance indiquée dans le courrier reçu.
La récupération succession ne s’applique que si la valeur nette du patrimoine transmis dépasse les seuils réglementaires : par exemple, 39 000 euros pour l’allocation solidarité ASPA. Les capitaux issus d’un contrat d’assurance-vie restent généralement hors du champ de la récupération, sauf exceptions (comme des primes manifestement exagérées ou un bénéficiaire non héritier direct).
Un autre point de vigilance : les obligés alimentaires. Si un enfant ou un conjoint a contribué aux frais d’hébergement ou d’obsèques, le montant à rembourser peut être diminué d’autant, sur présentation de justificatifs. En cas de difficulté financière, il est possible de demander un étalement, voire une remise partielle selon la situation.
Restez attentif aux courriers reçus, cela permet de préserver vos droits et d’éviter tout malentendu. N’hésitez pas à solliciter le notaire pour clarifier les démarches et obtenir une vision précise des sommes concernées.
Quels recours existent pour les familles en cas de difficultés ou de contestation ?
La demande de remboursement d’aides sociales après un décès prend parfois les familles au dépourvu. Quand le patrimoine laissé est faible ou que les ressources sont limitées, des solutions existent pour défendre vos intérêts.
Prenez contact rapidement avec le conseil départemental. Les services examinent la situation financière de la succession et peuvent accorder des délais de paiement, voire une remise partielle si la preuve d’une réelle difficulté à régler la dette est apportée.
En cas de contestation sur la nature ou le montant de la créance, il est crucial de vérifier chaque ligne : certaines aides, comme l’APA, ne sont récupérables qu’à des conditions bien spécifiques. D’autres, telles que l’allocation solidarité ASPA, ne font l’objet d’une récupération qu’au-dessus de 39 000 euros d’actif successoral. Quand le dossier soulève des interrogations, un recours succession ou un recours récupération est possible.
Pour appuyer votre démarche, voici les pièces à ne pas négliger :
- Fournissez tous les justificatifs attestant des charges assumées (frais d’obsèques, dettes, avances consenties au défunt).
- En cas de désaccord persistant, saisissez la commission départementale d’aide sociale. Cette instance indépendante réexamine la décision sur le fond.
- Dans les situations complexes (handicap, personne âgée isolée), certains organismes ou associations de familles peuvent vous accompagner.
Le notaire, au cœur du règlement, vous indique les voies de recours et accompagne les héritiers dans leurs démarches. Les familles ne sont pas démunies : à chaque étape, des solutions existent pour défendre leurs droits et clarifier leur situation face à une récupération succession.
La succession d’un proche n’est jamais anodine. Entre démarches administratives et questions de solidarité, chaque héritier se retrouve face à un choix : subir le processus ou s’en saisir, pour préserver ce qui peut l’être. À chacun de tracer sa route, avec lucidité et, si besoin, l’appui de professionnels aguerris.


